EPISODE DE NEIGE EN FENOUILLEDES DANS LES PYRENEES ORIENTALES.

La lumière nous rattache à l'Univers. Le silence nous relie aux secrets les plus enfouis. Je suis un chercheur de silences aux ailes déployées, dont mon élan se fige dans la couleur de la nuit qui l’entoure, à l’heure de la première étoile.

La neige attendue a finalement blanchi cette campagne familière du Fenouillèdes, dont l’apparence exhume les souvenirs enfouis d’un ailleurs spirituel et peut-être même, l’existence d’un univers parallèle… ? La neige a effacé les chemins, comme le plein midi efface les ombres.

Elle est investie d’un pouvoir qui permet l’accès à un état de transcendance, dans un enchaînement de variations, d’où émerge une source d’inspiration, contenant l’essence même de la vie, et des mystères, dont « la nature aime tant à se voiler. » nous dit Nietzsche

Quand bascule-t-on d’un univers à l’autre… ? Ce qui nous amène à un ailleurs sensoriel, un paradis blanc, sur les pas perdus de l’enfance. A chacun son bonhomme de neige au présent de l’anamnèse; éphémère petit bonhomme dont le corps, né d’une boule qui roule, forgée dans les clameurs d’un bonheur d’enfant, est déjà condamné à se sublimer ...Je perçois dans le silence, un cantique dont les harmoniques ont voyagé depuis la nuit des temps, une clarté en gestation dans le ventre du ciel chargé de neige ; une vision de rêve qui se commue en une réalité... Porte ouverte sur l'exil, fenêtre ouverte sur l'apparition des augures; Ô prémices d'un prodige....Ô neiges....Ô Sagesse des nuées dans leur jus d'aquarelle... Ces voix m’instillent une pointe de mélancolie que trahissent les mots que je prononce, qu’ordonnent les maux du cœur...Il s’y infuse pourtant le bonheur que m’accordent mes pas glissés, empreints de la lenteur de celui qui possède l’éternité.

Cette errance me rapproche d’un horizon, d’un recommencement ; aimanté par lui, il m’éloigne de mon village ; il s’inscrit entre la géométrie de vignes aux griffures des ceps fantomatiques, il s’estompe dans les méandres de l’histoire des hommes, dans les courbes des collines qui touchent le ciel, dans une alliance cosmique primordiale, nimbée de mystères… Le chemin se déploie, le cheminement se poursuit en direction de la « Paulette » Ainsi en est-il du changement du paysage. Un cyprès disparaît derrière le rideau diaphane d’une averse de neige. Un chêne vert apparaît, transi ; tout le poids de l’hiver pèse sur son feuillage blanchi. Un sarrat s’évanouit dans la distance ; à travers une lumière diaphane, il apparaît en filigrane, les toits de mon village, surmonté d’un clocher familier, d’où s’égrainent quelques notes d’airain, s’ajoutant à la suprême beauté d’un cheminement où s’ajourent les songes, les échos du passé et peut-être même, les forces de l’insondable. C'est l’aboutissement d’une circonvolution excentrée d’une petite cité de la vallée de la Boulzane, dans l’orbe d’une vision: la métamorphose du paysage, alliée à l’intercession de la magie d’une lumière sans ombre. Elle était le mirage, dans une clarté voilée, qui s’oublie dans les voix du silence…

Imperceptiblement un blême horizon inspire mes divagations entre les croupes forestières aux contours un peu flou qui jalonnent la route du col St-Louis. Cette voie semble toucher les confins du ciel. La lumière teinté des froidures de janvier, éclaire le silence et les pierres d’un ouvrage des hommes : Le pont en colimaçon. Un grand vaisseau qui semble léviter entre le ciel et son jardin d’hiver. La féerie de l’hiver glisse du ciel vers la terre. Ce chemin de blanc vêtu, ondoie à travers les collines, les garrigues et les maquis. Il est l’aboutissement de cette circonvolution ; il est aussi le point de départ de la suivante. Ce chemin nimbé d’une lumière énigmatique, et d’une présence dont les métamorphoses constituent une invitation à la méditation, à l’interrogation. Je vous promets chers amis et abonnés, de vous emmener vers un autre lieu insolite, aux hasard des éminences dissimulées sous la neige, comme autant de seuils, d’autres mondes.

Voilà, je me suis montré très prolixe en terme d’images et de mots ; il m’aura fallu publier deux albums, tant le cheminement se révèle d’une éblouissante beauté, une spirale, un chemin sans fin...

Pour le prochain album, un indice : Les pierres assemblées de mains d’hommes, jalonnent ce chemin ; elles cèdent la place à d’autres réalités....

Texte et images protégés. Droits réservés. @ Philippe Dubedat. #fenouillèdes #Caudiès-de-Fenouillèdes

Village de Caudiès-de-Fenouillèdes par-dessus les toits. Droits réservés.@ Philippe Dubedat.